Par un beau jour d'automne de l’an de grâce 1243, le duc Enguerrand de Montcerf, passionné de chasse (ça ne s’invente pas) mais frustré par le maigre gibier qu'il ramenait de ses pérégrinations forestières, imagina qu'il devait être possible de fabriquer un outil apte à lui faciliter la tâche et rendre plus plaisante sa traque des animaux.
Il convoqua tous les artisans des corporations de son fief pour mettre au concours la concrétisation de cette idée et leur laissa deux mois pour fabriquer le plus inventif et le plus efficace des appareils.
A peine une semaine plus tard, un marchand : le sieur Jehan Évrille, se présenta au château clamant à qui voulait l'entendre qu'il possédait ce dont le duc rêvait.
Il obtient sans peine une audience au près du noble seigneur et s'empressa de lui faire démonstration de la merveille qu’il ventait.
Devant une assemblée dubitative mais curieuse, il sortit de sa poche un minuscule sifflet de bois de buis (l'appeau) et le porta à la bouche pour y souffler, aussitôt, de toutes ses forces. Aucun son n’en sorti, mais, tous les chiens du château se mirent à hurler formidablement ce qui, de fait, imposa le silence aux personnes présentes.
A peine quelques secondes plus tard, des dizaines de faisans, de cailles, de hérons, de grives, et autres perdrix se précipitèrent par les fenêtres et se mirent à virevolter autour de lui, comme attirés et charmés par ce qui apparemment sortait du sifflet et que seuls les animaux entendaient.
Le duc, subjugué, s’imagina sans peine le profit qu'il pouvait tirer d'un tel accessoire pour assouvir sa passion.
Empourpré, il se leva d’un bond, s'éclairci la gorge et ne prononça qu'une seule phrase :
- Holà, Maître Siffleur, combien cela va-t-il me coûter ?
Le Jehan, sûr de lui, répondit qu'il accepterait de se séparer de son objet en échange de la moitié de la fortune de son interlocuteur payable en bons écus Tournois d’or.
Cette requête fit sourire l'assemblée mais le duc garda tout son sérieux et accepta le marché.
La nouvelle fit grand bruit et se répandit vite bien au delà des limites du duché: Un artisan avait vendu un sifflet pour une somme astronomique au Duc qui en paya le coût sans broncher.
On ne sait plus aujourd'hui ce qu’il advint de l’ingénieux marchand, ni si le seigneur fit des prouesses cynégétiques, ni, encore, ce qu’est devenu l'objet (d’ailleurs, existe-t-il encore ?). Mais, cette anecdote a traversé les époques et il subsiste de cette merveilleuse histoire une expression très usitée de la langue française pour qualifier une transaction hors de prix :
- "Coûter l'appeau d'Évrille".
A vous maintenant. Comment cette expression a-t'elle pu se transformer tout d'abord en "Coûter l'appeau d'Ecouille" ou "Coûter la peau d'Effesse (puis par l'ignorance de la vraie histoire "Coûter la peau des c*ouilles ou la peau des fesses...).